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Représentation des personnes noires dans le milieu de la santé au Canada — Dre Chika Stacy Oriuwa

39 min | Publié le 27 février 2023

La pandémie de COVID-19 a fait ressortir des écarts évidents dans les systèmes de santé du Canada, notamment la nécessité de mieux comprendre les causes des inégalités et des disparités en santé fondées sur la race. Dans cet épisode du BISC, l’animatrice Avis Favaro s’entretient avec la Dre Chika Stacy Oriuwa, poète, auteure, militante et première femme noire à être choisie comme seule major de promotion de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto, au sujet de l’utilité des données fondées sur la race et de l’importance de la représentation des personnes noires dans le milieu de la santé au Canada.

Cet épisode est disponible en anglais seulement.
 

Transcription

Avis Favaro

La COVID-19 a mis en lumière de grandes disparités raciales. Les communautés noires et de couleur du Canada ont été parmi les plus touchées par le virus et les moins susceptibles d’être protégées par les premières mesures sanitaires.

Le problème est toutefois bien plus profond. Des études démontrent dans les systèmes de santé une discrimination de longue date découlant du racisme, de l’ignorance et d’un triste historique de négligence des Canadiens noirs et de leurs besoins en santé.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous vous présenterons l’histoire d’une jeune femme remarquable, la Dre Chika Oriuwa, médecin, psychiatre en formation, mère et défenseure d’intérêts. Née au Canada de parents nigériens, la Dre Oriuwa s’est heurtée aux messages blessants d’un milieu médical à forte proportion blanche avant de devenir une puissante défenseure de l’équité en santé pour les Noirs.

Chika Oriuwa

Dès le premier jour de mes études en médecine, on m’a fait sentir que ma couleur ne passait pas inaperçue et que je ne méritais peut-être pas ma place en faculté. Ce fut un rappel très douloureux de la situation dans laquelle je me trouvais.

Avis Favaro

Les données démontrent que, dans certaines parties du Canada, les Noirs constituent près de 5 pour cent de la population générale, mais seulement un peu plus de 2 pour cent des médecins. La Dre Oriuwa essaie de changer les choses.

Chika Oriuwa

La diversité a démontré augmenter la performance au travail, pas seulement en médecine, mais dans tous les domaines.

Avis Favaro

Bonjour et bienvenue au Balado d’information sur la santé au Canada. Nous l’appelons CHIP, en anglais. Je suis Avis Favaro, et j’anime cette discussion. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de l’ICIS et sont émises dans le cadre d’une discussion libre et ouverte, aujourd’hui sur les soins de santé dispensés à la communauté noire du Canada vus par une médecin qui tente d’améliorer le système.

Bienvenue, Dre Oriuwa. Merci de vous joindre à nous. J’ai remarqué votre collier. On y lit « mama Â». Derrière vous se trouve votre adorable bébé. Quel est son nom?

Chika Oriuwa

Son nom est [Azema].

Avis Favaro

Superbe. Vous en avez un deuxième en route?

Chika Oriuwa

Oui. Une petite fille.

Avis Favaro

Merveilleux. Quand doit-elle naître?

Chika Oriuwa

En juin.

Avis Favaro

En juin. Alors, la première chose qui m’a frappée est votre incroyable trajectoire de médecin, de résidente en psychiatrie, de porte-parole et de poète accomplie malgré votre jeune âge de moins de 30 ans. Vous avez également une grande influence en tant que défenseure d’intérêts.

J’aimerais commencer par vous demander si vous sentez qu’il est de votre devoir de dévoiler la souffrance des Noirs dans le système de santé du Canada ou de régler ce problème.

Chika Oriuwa

Je ressens certainement ces 2 responsabilités. Je crois que les preuves sont pratiquement faites pour la défense des intérêts. En réalité, mon travail consiste donc plutôt à braquer les projecteurs sur ce que de nombreuses personnes ont déjà bien compris et à tenter d’améliorer la situation. Je crois que je contribue à atténuer les problèmes de par mon travail de médecin. Ensuite, en tant que défenseure d’intérêts, je sensibilise, j’informe et je tente de mettre ces enjeux en lumière.

Avis Favaro

Dans une des entrevues que j’ai écoutées, vous avez dit avoir su que vous vouliez devenir médecin à l’âge de 4 ans.

Chika Oriuwa

Oui.

Avis Favaro

Comment est-ce possible? Comment l’avez-vous su? D’où vous est venue cette idée? Vous en souvenez-vous?

Chika Oriuwa

C’est une drôle d’histoire. Le frère de ma mère est médecin aux États-Unis. Tout ce que je savais, c’est qu’il soignait des bébés. Il a longtemps été néonatologiste avant de devenir pédiatre. C’est pourquoi j’avais compris qu’il s’occupait de nouveau-nés. Toute petite, j’entretenais une obsession pour les bébés. C’est encore le cas, clairement. Tout ce que je savais donc à ce moment était que mon oncle passait ses journées à prendre soin de bébés et je voulais faire comme lui. J’annonçais donc à qui voulait l’entendre que j’aspirais à devenir médecin pour soigner des bébés.

Évidemment, à 4 ans, je n’avais aucune idée de la difficulté du parcours. Je me considère donc extrêmement chanceuse d’avoir atteint ce but grâce à l’amour que j’ai éventuellement trouvé pour les arts, les sciences, les mathématiques et la biologie. J’aimais tellement ces matières. C’est un coup de chance de m’être découvert des aptitudes naturelles qui correspondaient à mes aspirations d’enfant.

Avis Favaro

Qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre vos études? Les distractions sont nombreuses à l’adolescence et à l’école secondaire.

Chika Oriuwa

Oui. Absolument. Je crois que mon extraordinaire détermination vient du fait que j’ai réalisé, à l’école primaire, que le corps humain me fascinait et que rien d’autre ne me captivait autant. C’est comme si j’avais su toute ma vie que je voulais devenir médecin. Durant mes études primaires et secondaires, je me suis toutefois rendu compte que peu de médecins me ressemblaient. Cela m’a poussée encore plus parce que je savais que nous avions besoin de femmes noires en médecine et que j’étais capable d’accéder à la profession même si je ne me reconnaissais en personne dans ce milieu. C’est ce qui a été ma force motrice.

Avis Favaro

Quand avez-vous réalisé que vous étiez différente et que vous aviez une plateforme pour vous exprimer?

Chika Oriuwa

Exactement. Je crois que j’ai commencé à remarquer le manque de diversité dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques au secondaire dans les cours de calcul et de fonctions avancées, et à l’université en biologie, en chimie et en physique. J’ai constaté dans mes classes le peu de personnes noires, femmes ou hommes. Parfois, j’étais la seule, même si je fréquentais une école secondaire à forte diversité à Brampton. J’avais donc beaucoup de camarades noirs. Cependant, nous n’étions qu’une poignée à assister à ces cours très scientifiques. C’est là que je me suis rendu compte du problème qui touchait les personnes noires de mon école. Selon moi, il était de nature plus systémique qu’individuelle.

Avis Favaro

Pourquoi en êtes-vous arrivée à cette conclusion?

Chika Oriuwa

Je crois en fait que la plupart de mes camarades de classe noirs étaient très ambitieux, sinon tous. Il m’est cependant apparu évident que les élèves noirs étaient traités différemment dans le système scolaire. On les éloignait des domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques et des cours nécessaires pour accéder à la faculté de médecine.

J’ai remarqué que, même au primaire, beaucoup de mes amis se faisaient dire : « Tu sais quoi? Il vaudrait peut-être mieux pour toi de ne pas suivre ces cours théoriques. Tu devrais choisir des cours pratiques pour te diriger vers un diplôme collégial. Â» Voilà ce que des enfants de 12 ou 13 ans se faisaient dire. Déjà au primaire, je trouvais intéressant que la plupart de mes amis noirs soient orientés vers les études collégiales plutôt que l’université. Nous étions très peu à être perçus comme aptes aux études universitaires.

Avis Favaro

A-t-on déjà tenté de vous empêcher d’accéder à l’université? Vous a-t-on déjà suggéré de choisir le collège?

Chika Oriuwa

Chose intéressante, entre la première et la troisième année du primaire, je me souviens m’être fait dire que je n’étais pas nécessairement une mauvaise élève, mais que j’avais de la difficulté dans certaines matières. Beaucoup seront surpris d’apprendre que mon bulletin contenait surtout des C, quelques B et de rares A à cette époque. Je pense que mon enseignante avait un problème inné avec moi. Elle n’était pas très chaleureuse à mon égard, ni très enthousiaste. J’avais l’impression de la déranger chaque fois que je lui demandais de l’aide. Nous n’étions que 2 fillettes noires dans le groupe. Je sentais qu’elle était beaucoup moins patiente avec moi qu’avec les autres élèves.

Heureusement, mes parents m’ont retirée de cette école. Donc, à partir de la quatrième année, j’ai commencé à cumuler les A et les A+. C’est vraiment intéressant parce que je crois que si j’étais restée à cette école, ma trajectoire aurait été extrêmement différente. À l’autre école primaire, Saint Marguerite Bourgeoys à Brampton, j’ai eu une enseignante absolument incroyable de la quatrième à la sixième année. En m’accompagnant tout au long de mon parcours, elle a changé la perception que j’avais de moi. Elle a renforcé mon estime de moi. Elle m’a vraiment fait croire en mes capacités.

Cette enseignante a assisté à mon mariage l’été dernier. Je lui dois une grande partie de ma résilience et de ma persévérance scolaire.

Avis Favaro

La situation des enfants qui n’ont pas de parents pour les sortir de l’école et leur donner une meilleure chance doit vous préoccuper.

Chika Oriuwa

Tout à fait, particulièrement parce que la recherche démontre que les enfants racialisés doivent porter le fardeau illégitime d’être étiquetés comme ayant des troubles du comportement, d’être dirigés vers des trajectoires scolaires inférieures à leurs capacités et d’être réprimandés plus sévèrement pour leurs faux pas à l’école.

En tant que mère d’un bambin de 14 mois et d’une fillette à naître, c’est une chose à laquelle je suis extrêmement sensible et dont je suis très consciente. Je défendrai les intérêts de mes enfants dans le milieu scolaire parce qu’il est très facile de se heurter à ces embûches.

Avis Favaro

Passons au moment où vous êtes entrée en faculté de médecine, où vous étiez la seule Noire parmi 250 Blancs. C’est exact?

Chika Oriuwa

Oui. J’étais la seule Noire sur 259 Ã©tudiants.

Avis Favaro

Quand vous êtes-vous rendu compte qu’il y avait un problème là aussi?

Chika Oriuwa

C’était durant la cérémonie de remise des stéthoscopes la première journée de la semaine d’accueil des étudiants. On l’appelle aussi parfois la cérémonie de remise des sarraus, mais l’Université de Toronto distribue plutôt les stéthoscopes. J’ai constaté que j’étais la seule Noire en regardant tous les étudiants passer sur la scène pour recevoir leur stéthoscope. Ce fut une désillusion pour moi, car j’étais également la seule Noire de la cohorte de mon baccalauréat en sciences de la santé à l’Université McMaster. J’étais impatiente que la situation change, de même que mon identité en quelque sorte, ce qui n’a malheureusement pas pu être le cas en faculté de médecine.

Avis Favaro

Vous êtes-vous déjà dit que vous ne vouliez plus faire partie de ce milieu? Avez-vous déjà pensé à abandonner?

Chika Oriuwa

J’avais toujours rêvé de fréquenter la faculté de médecine de l’Université de Toronto. Je savais que j’avais en quelque sorte gagné la loterie en étant acceptée. J’avais travaillé si fort. Je réalisais mon rêve.

J’ai déjà souhaité m’être inscrite dans une faculté de médecine où je n’aurais pas été la seule étudiante noire. Or, j’ai appris que les cohortes des autres facultés où j’avais été admise ne comptaient pas plus d’étudiants noirs que la mienne et que je me serais donc fort probablement retrouvée dans la même situation, peu importe l’établissement.

Avis Favaro

Parlez-m’en un peu plus, parce que les personnes blanches ou d’ascendance européenne ne le voient pas. Nous n’en sommes pas nécessairement conscients. Quels agressions ou messages, subtils ou non, vous ont-ils donné l’impression que vous étiez malvenue? À quoi avez-vous dû faire face?

Chika Oriuwa

Je vais certainement vous donner quelques exemples. J’essaie néanmoins très intentionnellement de ne pas parler de la dure réalité de certains cas de racisme ou de traumatismes très précis. On me demande souvent de le faire, mais cette expérience renouvelle les blessures et j’obtiens peu de soutien par la suite. Je me limiterai donc à des exemples de nature plutôt superficielle.

Le premier jour de mes études en médecine, quelques heures avant la cérémonie de remise des stéthoscopes, en allant chercher les sacs à dos de la faculté qui étaient offerts en un éventail de couleurs, un collègue de classe m’a demandé si on avait facilité mon entrée en abaissant les critères d’admission parce que j’étais la seule Noire. Évidemment, il insinuait que je n’étais peut-être pas aussi qualifiée que les autres étudiants. Cette question a contribué à faire naître chez moi un syndrome de l’imposteur et a décuplé l’impression de ne pas être à ma place et de ne pas être assez intelligente.

Avis Favaro

Quelles émotions cette situation a-t-elle soulevées?

Chika Oriuwa

Cet épisode a certainement été douloureux et choquant parce que je m’étais presque convaincue, bercée d’illusions, que j’étais la seule à remarquer la couleur de ma peau et que j’en faisais tout un plat pour rien. Dès le premier jour de mes études en médecine, on m’a fait sentir que ma couleur ne passait pas inaperçue et que je ne méritais peut-être pas ma place en faculté. Ce fut un rappel très douloureux de la situation dans laquelle je me trouvais.

Avis Favaro

Dans un article, vous avez également raconté que quelqu’un vous a déjà demandé de ramasser du vomi par terre.

Chika Oriuwa

Lors de mon stage clinique en troisième année de faculté, je déambulais aux urgences en tenue de médecin avec mon stéthoscope. J’avais également une planchette à pince et tout ce qui fait le médecin typique aux urgences. Donc, j’allais de salle en salle pour voir et évaluer les patients, et c’est alors que l’un d’entre eux a tiré sur mes vêtements ou m’a tapotée pour me faire remarquer le vomi à ramasser par terre. J’ai manifestement été confondue avec un membre du personnel d’entretien. Loin de moi l’idée de dénigrer le personnel d’entretien, qui est en fait l’épine dorsale d’un hôpital, mais ce n’est pas la formation que j’ai reçue. On m’a prise pour une femme de ménage.

Je parle longuement de ces expériences dans mes mémoires. Je considère comme une forme d’autoprotection le fait de ne pas continuellement replonger dans les divers traumatismes que j’ai vécus à la faculté de médecine, dans lesquelles je compte d’innombrables exemples de racisme, de microagressions et de macroagressions. J’ai donc décidé, pour me guérir et me protéger, de les décrire en détail dans les mémoires que je publierai bientôt. J’y relate la plupart de mes expériences en faculté de médecine, sinon toutes, bonnes et mauvaises.

Avis Favaro

Parlons un peu de la souffrance des patients noirs dans le système de santé. Votre famille en a-t-elle été victime? Avez-vous déjà reçu des soins qui laissaient à désirer en tant que patiente?

Chika Oriuwa

C’est intéressant, parce qu’enfant, j’ai eu une expérience avec mon médecin de famille, qui est vraiment un incroyable omnipraticien. À l’âge de 14 ou de 15 ans, j’ai eu besoin de traitements dermatologiques. Mon médecin m’a prescrit un médicament qui, dois-je préciser, ne doit pas être administré à un patient noir. La substance a blanchi et taché ma peau. J’ai dû retourner le voir et lui montrer les taches blanches sur mon visage pour qu’il m’envoie finalement voir un dermatologue afin que je reçoive le traitement approprié.

C’est intéressant parce que si je repense aux cours de dermatologie que j’ai suivis, je réalise qu’une très grande partie portait par défaut sur les patients blancs. Le contenu des cours en médecine doit impérativement tenir compte de la diversité. Les étudiants ne devraient pas avoir à chercher cette information eux-mêmes, comme j’ai dû le faire en demandant à chaque précepteur ce qu’il en était pour les patients noirs. Par exemple, je devais demander : « Comment traiteriez-vous ce problème sur une peau noire? Comment évalueriez-vous cette affection sur une peau noire? Â»

Avis Favaro

Est-ce que vous avez dû le faire —

Chika Oriuwa

Oh oui.

Avis Favaro

— parce que cette information n’était pas fournie d’emblée?

Chika Oriuwa

Exactement. J’ai dû le faire de nombreuses fois.

Avis Favaro

J’ai été surprise de voir que nous ne disposons de presque aucune donnée sur la population noire — si l’on divise les résultats des études selon les catégories raciales.

Chika Oriuwa

Oui. J’en étais à ma deuxième ou troisième semaine en faculté de médecine lorsqu’on nous a présenté un cas où il était question des différents degrés de brûlure, de la manière de les évaluer, de les diagnostiquer et de les traiter. Je me souviens avoir demandé comment déceler certains signes dermatologiques précis sur un patient noir aux urgences. Le précepteur m’a répondu que c’était mon problème, pas le sien.

Tout le groupe s’est tu. Nous avons littéralement eu le souffle coupé par ce qui venait d’être dit. Le précepteur a tenté de tourner la chose en plaisanterie et a finalement admis qu’il ne savait pas et que je devrais faire mes propres recherches à ce sujet.

Avis Favaro

Quel apprentissage en avez-vous tiré? Qu’en avez-vous conclu?

Chika Oriuwa

J’étais vraiment frustrée dans la mesure où, tout d’abord, cette information est cruciale. Qu’arriverait-il si un membre de ma famille ou moi avait ce problème de santé, se présentait à l’hôpital et ne recevait pas les soins adéquats parce que le médecin n’avait jamais appris à l’évaluer sur une peau noire? J’étais aussi fâchée de m’être fait dire de faire mes propres recherches, car, bien que j’aie été l’unique étudiante noire de ma cohorte, je n’étais certainement pas la seule qui allait devoir traiter des patients de ma couleur de peau. Je suis cependant heureuse de dire que l’Université de Toronto a fait de grands progrès sur ce plan depuis mes études. J’ai commencé mon parcours il y a seulement 7 ans, ce qui est délirant je trouve, et des avancées absolument incroyables ont été réalisées depuis.

Avis Favaro

Ce que vous dites est intéressant parce que, plus que toute autre maladie, la COVID-19 a engendré une prise de conscience collective en exposant clairement l’influence des facteurs raciaux. Nous avons découvert qu’elle affectait beaucoup plus les Noirs vivant dans certaines communautés que le reste de la population. Maintenant, nous réalisons que nous devons recueillir des données à ce sujet. L’Institut canadien d’information sur la santé a donc fait l’effort de commencer à amasser des données. Pouvez-vous expliquer pourquoi il est important de recueillir des données sur les différents groupes raciaux?

Chika Oriuwa

Absolument. Recueillir des données sur les groupes raciaux nous permet de quantifier le problème. Sans données probantes, on ne peut quantifier. Sans quantifier, on ne peut s’attaquer au problème. On ne dispose d’aucune mesure pour évaluer les changements et améliorations, et responsabiliser les gens.

Mesurer est donc le point de départ. Nous savons maintenant que nous nous donnons 2 ans pour améliorer — de manière très générale — les soins aux diabétiques dans la communauté noire de Toronto-Ouest. D’accord. Comment évaluer nos progrès? Comment en faire le suivi? Ensuite, comment tenir certaines personnes et certains organismes responsables afin de garantir les progrès? La collecte de données est vraiment fondamentale pour la défense des intérêts parce que sans mesure, sans quantification, il est impossible d’améliorer la situation et d’atteindre notre grand objectif : l’équité. Il s’agit donc d’une étape absolument cruciale.

Avis Favaro

Pourquoi aura-t-il fallu autant de temps pour commencer à recueillir des données au Canada?

Chika Oriuwa

Nous aimons nous comparer à nos voisins du sud et nous dire que nous n’avons pas la même histoire de racisme violent à l’égard de certains groupes, alors qu’en fait, ce n’est pas vrai. Nous savons que nous avons une histoire de racisme incroyablement violent, particulièrement envers les peuples autochtones, et que ce phénomène s’étend aux autres groupes racialisés, comme les Noirs.

Je crois que nous avons besoin de nous distancier de cette identité canadienne qui fait de ce sujet un tabou et d’avoir ces conversations. Il faut reconnaître que certaines personnes sont traitées différemment dans nos systèmes de santé et s’attaquer à ce problème. La recherche sera particulièrement utile en ce sens, car elle permet d’élaborer des politiques. Elle favorise le changement dans les institutions. Elle a aussi des répercussions sur les pratiques des médecins. Les données permettent de faire de la recherche, qui sert à élaborer des politiques et qui influe sur les pratiques des médecins. Voilà le cycle à mettre en œuvre.

Avis Favaro

Vous travaillez maintenant en psychiatrie. Observez-vous encore ce racisme silencieux dans vos activités à l’hôpital ou en clinique?

Chika Oriuwa

Je n’en suis encore qu’à la résidence, donc je n’exerce techniquement pas de façon autonome. Toutefois, en tant que psychiatre en devenir, j’accomplis toutes les activités nécessaires à ma formation. Le concept de racisme silencieux est intéressant, parce que je crois qu’en fait, tout le spectre du racisme est observable. Mais les préjugés inconscients se font assurément sentir.

Avis Favaro

Pouvez-vous nous donner quelques exemples afin de nous aider à comprendre ce qui se passe?

Chika Oriuwa

Oui. C’est extrêmement intéressant parce que, parfois, le racisme peut être extraordinairement subtil, tellement qu’on ne se sent pas toujours à l’aise de le dénoncer ou de le nommer. Il peut s’agir de la façon dont certains patients sont décrits en leur absence durant les rondes. Certains mots, adjectifs ou qualificatifs sont utilisés plus souvent pour certaines populations de patients et —

Avis Favaro

Comme lesquels?

Chika Oriuwa

Par exemple, j’ai certainement entendu des Autochtones décrits d’une manière qui, selon moi, était inappropriée ou reflétait certains préjugés sur leur peuple, notamment la consommation d’alcool et des choses du genre. Ces problèmes sont considérés comme propres à l’individu alors qu’ils résultent directement du colonialisme ou du racisme contre ces populations.

Je crois qu’il est d’abord important de détecter ce langage qui, à première vue, peut ne pas sembler problématique. Si on en prend pleinement conscience, on réalise qu’en fait, ce vocabulaire maintient une rhétorique raciste et qu’il faut revoir la façon dont nous parlons de certains groupes.

Avis Favaro

Intervenez-vous lorsque vous entendez ce genre de propos? Et vos collègues?

Chika Oriuwa

Je n’affirmerais pas que j’interviens comme tel. Comme nous disons en psychiatrie, j’essaie de rediriger ou de recadrer. Cela me rappelle des expériences où j’ai été victime de racisme. Dans mes mémoires, je parle d’un jour où je travaillais aux urgences du Centre de toxicomanie et de santé mentale, le CAMH, et où un patient est venu me voir pour me dire que je n’étais pas une vraie médecin, que j’étais un charlatan et qu’il ne prendrait jamais de médicaments prescrits par moi.

Il avait fait ses recherches sur Google à la maison. Il avait vu mes activités de défense des intérêts.

Cette personne était assez dérangée. Elle était en pleine psychose, mais elle s’est tout de même présentée avec cette idée fixe voulant que je sois un charlatan ayant infiltré le milieu médical. Elle prétendait que je n’étais pas apte à exercer la médecine et que les gens ne voudraient jamais me laisser traiter leurs enfants. Me retrouver dans cette position où j’étais pleinement qualifiée pour faire le travail d’un médecin en tant que résidente en psychiatrie et où je me suis fait accuser d’infiltrer le système médical comme une impostrice a été assez douloureux.

Avis Favaro

Comment faites-vous face à ces situations?

Chika Oriuwa

J’écris beaucoup dans mon journal. Je suis une poète, une écrivaine. Écrire est la façon la plus naturelle pour moi de gérer mes émotions.

En fin de compte, je suis humaine. Les situations traumatisantes engendrent chez moi une réponse émotionnelle. Évidemment, il m’arrive d’avoir envie de pleurer, de me sentir faible et opprimée, mais j’ai la grande chance d’avoir un réseau de soutien incroyable.

Mon mari est formidable. C’est un allié absolument extraordinaire. Il me soutient vraiment dans les pires moments.

Avis Favaro

Mais ce fardeau semble difficile à porter pour une femme de moins de 30 ans.

Chika Oriuwa

Oui, ce fardeau est lourd. Ce travail de défense d’intérêts est presque une responsabilité pour moi, et elle me vient en partie de l’extérieur. On peut certainement parler de fardeau supplémentaire pour les minorités. Dans certains milieux, on s’attend à ce que je joue ce rôle en tant que femme noire. Le sentiment que je dois faire ce travail, même à mes dépens, est en fait une conséquence du racisme, qui veut qu’en tant que Noire, je me mette au service des non-Noirs, notamment pour les éduquer. C’est pourquoi, tout au long de mon entrevue avec vous, j’ai très intentionnellement refusé de décrire en détail mes souffrances et traumatismes. C’est quelque chose que j’ai fait volontairement pendant de nombreuses années au grand détriment de mon bien-être.

Maintenant, afin de mettre en application l’idée de l’antiracisme et le travail que je trouve si important, je transmets l’information et je fixe des limites à ma vulnérabilité. Cela me permet de me protéger.

Avis Favaro

Je vais me faire l’avocate du diable. Pourquoi avons-nous besoin de plus de médecins noirs? Certaines personnes à qui j’ai parlé de cette entrevue m’ont dit qu’un médecin était un médecin, qu’un patient était un patient, et que la couleur de la peau ne devrait pas avoir d’importance.

Chika Oriuwa

Nous demandons-nous pourquoi nous avons besoin de femmes médecins? Il ne fait aucun doute que les femmes ont fait avancer la médecine de plusieurs façons. Je crois que ce sera la même chose pour la diversité ou les personnes racialisées en médecine, parce que la recherche a démontré que les médecins noirs sont plus susceptibles d’aller exercer dans les régions mal desservies, particulièrement dans les communautés de couleur, et d’enrichir l’environnement scolaire des autres étudiants en médecine.

Cela nous permettra également de défendre les besoins en santé des personnes noires, ce qui est souvent fait par les médecins noirs. La santé publique en général et la qualité de la formation de tous les médecins s’en trouveront améliorées.

Donc, à ces personnes qui disent qu’un médecin est un médecin, je répondrais que ce n’est pas nécessairement le cas, car la diversité a plusieurs fois démontré améliorer la performance au travail.

Avis Favaro

La diversité favoriserait-elle la confiance des minorités envers leur médecin?

Chika Oriuwa

Oui, tout à fait. La recherche a dévoilé que les patients noirs ont l’impression de recevoir une meilleure qualité de soins lorsqu’ils sont traités par un médecin noir. Je peux en attester de par mon expérience. Bon nombre des patients noirs que j’ai traités durant mes études en médecine et en résidence m’ont fait part des mêmes sentiments.

Ils ont été nombreux à avoir une réaction très émotive en me voyant arriver. Ils ont senti qu’ils pouvaient s’adresser à moi franchement. Ils m’ont parlé de problèmes médicaux dont ils n’auraient jamais voulu faire part à un médecin blanc. Il est donc essentiel d’avoir des médecins noirs. Je crois qu’il est en fait dangereux d’aborder la médecine en faisant fi de la couleur de la peau. C’est une mauvaise idée.

Avis Favaro

Pensez-vous que certains Canadiens noirs se privent de soins médicaux parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise dans le système de santé?

Chika Oriuwa

Oh, absolument. Une méfiance — bien méritée — s’est développée en raison de la façon dont les Noirs ont été marginalisés, mal traités et exploités dans le domaine de la médecine. Il est facile de comprendre pourquoi. Les gens ne veulent pas aller consulter parce qu’ils n’ont pas confiance dans les médicaments ou les vaccins qu’ils recevront. C’est pourquoi il est d’autant plus important d’intégrer des médecins noirs dans le système. Ils nous permettront de commencer à combler le fossé entre la médecine, particulièrement la psychiatrie, et la communauté noire. C’est là qu’une guérison réelle est nécessaire.

Avis Favaro

Pourquoi la psychiatrie? Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce domaine? Enfant, vous vouliez soigner des bébés.

Chika Oriuwa

Oui. J’ai changé de cap. J’aime encore beaucoup les bébés et j’ai certainement jonglé avec l’idée de me diriger en pédiatrie, mais la psychiatrie se dresse dans le prolongement de mon travail de défense d’intérêts.

Nous avons grand besoin de médecins noirs en santé mentale. De plus, le cerveau me passionne. Les neurosciences me fascinent. J’aimerais faire mes études postdoctorales en neuropsychiatrie parce que l’intersection entre la neurologie et la psychiatrie m’intéresse profondément. Je veux apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le cerveau, la médecine du cerveau, la médecine comportementale et les neurosciences. C’est tout ce qui me captive. La psychiatrie est donc la bonne voie pour moi.

Avis Favaro

C’est une grande mission de vie qui vous attend. J’aimerais terminer sur une note positive en parlant un peu des solutions. Lorsque j’étais enfant, je jouais avec une très grande poupée Barbie blanche. Avez-vous déjà joué avec des poupées Barbie aussi?

Chika Oriuwa

Oh oui. J’en ai eu de nombreuses.

Avis Favaro

Oh vraiment? Je n’en avais qu’une. Combien en aviez-vous?

Chika Oriuwa

Je me souviens qu’à mon cinquième anniversaire, tous mes amis m’avaient donné des poupées Barbie. J’en ai donc possédé plusieurs. Ma mère ne me laissait jouer qu’avec quelques-unes à la fois parce que j’en avais trop et qu’il y en avait partout quand j’ouvrais toutes les boîtes.

Toutes ces poupées étaient blanches. Elles étaient toutes blondes ou brunes, avec les cheveux parfaitement droits. Elles ne me ressemblaient absolument pas. Elles n’étaient pas médecins non plus. En fait, je ne sais plus si elles avaient une carrière. Elles étaient simplement —

Avis Favaro

Je ne crois pas, en effet. Vous amusiez-vous à les vêtir de belles tenues? Un des premiers changements auxquels vous avez contribué concerne les poupées. Une poupée Barbie a été fabriquée à votre image.

Chika Oriuwa

Effectivement.

Avis Favaro

C’est Mattel qui vous a approchée?

Chika Oriuwa

Oui. Le fabricant m’a approchée.

Avis Favaro

Comment avez-vous initialement réagi lorsque vous avez reçu l’appel ou le courriel?

Chika Oriuwa

Je me suis dit : « Une poupée Barbie? Â» J’étais sous le choc. C’était irréel. J’aurais voulu que quelqu’un me pince. Les poupées Barbie sont connues de nombreuses femmes de tous les âges. C’était si incroyable. D’apprendre qu’on voulait fabriquer une poupée Barbie à mon image a été un choc pour moi, mais aussi un grand honneur et privilège. Évidemment, j’ai voulu bien faire les choses et m’assurer que ma poupée Barbie ait une coiffure afro très semblable à la mienne, que sa carnation soit similaire et qu’elle ait les mêmes caractéristiques afrocentriques que moi.

Avis Favaro

Elle vous ressemble. S’appelle-t-elle Barbie ou Chika?

Chika Oriuwa

Je crois qu’elle s’appelle Dre Oriuwa Barbie. Je ne connais pas son nom officiel.

Avis Favaro

Je présume que vous en avez quelques-unes à la maison.

Chika Oriuwa

Il n’existe qu’un exemplaire. Elle est unique. J’ai la poupée. Je l’ai assise juste là. Je suis très fière que mes enfants grandissent aux côtés de cette poupée. Si mon fils peut jouer avec elle sans lui arracher la tête, je le laisserai faire. Ma fille aussi, si elle peut y faire attention, car il n’existe aucune autre poupée comme celle-là. Je les laisserai sûrement jouer avec elle — c’est incroyable d’avoir cet objet à la maison. Évidemment, tout le tapage médiatique et publicitaire autour de cette représentation de moi a aussi été extraordinaire.

Avis Favaro

Vous êtes devenue ambassadrice des étudiants noirs en médecine à l’Université de Toronto.

Chika Oriuwa

Oui, pour le programme de demandes d’admission des étudiants noirs.

Avis Favaro

J’ai su que les cohortes de diplômés comptent maintenant environ 14 ou 15 Ã©tudiants noirs.

Chika Oriuwa

Oui, le nombre a augmenté depuis mon passage.

Avis Favaro

D’autres étudiants noirs suivent la voie que vous avez ouverte.

Chika Oriuwa

J’en ai rencontré plusieurs. En fait, je suis allée à la réunion organisée l’été dernier pour les étudiants noirs qui entraient à la faculté de médecine de l’Université de Toronto. Je n’ai pas eu la chance de tous les rencontrer, parce qu’ils sont nombreux, mais j’ai certainement pu faire personnellement la connaissance de plusieurs d’entre eux.

Avis Favaro

Vous ont-ils remercié de leur avoir ouvert la voie?

Chika Oriuwa

Je dirais que presque tous ceux que j’ai eu la chance de rencontrer m’ont, d’une façon ou d’une autre, remerciée ou ont reconnu le travail que j’ai fait. Cela me remplit de gratitude. C’est un honneur pour moi d’avoir apporté ma petite contribution à l’héritage que laissera l’Université de Toronto. C’est aussi un privilège.

Avis Favaro

Parlons de vos grands objectifs. Qu’aimeriez-vous voir changer dans les soins de santé au Canada au cours de votre carrière en médecine?

Chika Oriuwa

Nous en avons déjà beaucoup parlé, mais j’aimerais que le milieu de la santé devienne un lieu sûr pour les patients et médecins noirs. J’aimerais donc améliorer la sécurité dans cet environnement. Je veux pouvoir contribuer à ce travail d’une manière qui ne sera pas injustement lourde pour moi.

Avis Favaro

Que devons-nous faire dans le système scolaire pour nous assurer que les enfants de toutes les couleurs se sentent à l’aise de se diriger vers des études en médecine?

Chika Oriuwa

Je crois que nous devons vraiment nous attaquer aux fondements des préjugés systémiques et au racisme qui peut être présent chez les enseignants, les éducateurs, les travailleurs sociaux et les conseillers en orientation. Une grande partie de ce désapprentissage doit avoir lieu à l’échelle du système. En gros, il faut vraiment s’assurer que des structures de mentorat sont en place pour habiliter les élèves noirs dès un très, très jeune âge. Ils sauront ainsi qu’ils ont l’accompagnement nécessaire pour y arriver, qu’ils sont soutenus. Ils n’auront pas à surmonter des barrières et à relever des défis injustes.

Avis Favaro

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus?

Chika Oriuwa

Ce qui m’inquiète, c’est qu’il y a toujours possibilité de régresser quand on parle de race et quand on recueille des données à ce sujet. Il faudra du temps, et je ne sais pas si je verrai durant ma vie les fondements du racisme systémique disparaître, ni même si cela se produira au cours de la prochaine génération. Des individus remettront toujours en cause les progrès réalisés. C’est quelque chose qui me préoccupe toujours, mais je m’accroche à l’espoir que le meilleur est à venir.

Avis Favaro

Bien. Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus?

Chika Oriuwa

Je crois que c’est de voir la diversité de la nouvelle génération, les médecins racialisés, de diverses provenances, qui étaient auparavant marginalisés et sous-représentés dans le milieu. Je suis heureuse d’observer la tendance se renverser non seulement à l’Université de Toronto, mais aussi dans les autres facultés.

Avis Favaro

D’accord. Je vous pose une dernière question sur vos aspirations politiques. Avez-vous reçu des demandes? Vous a-t-on approchée? Est-ce quelque chose que vous envisagez?

Chika Oriuwa

On me demande toujours si j’aimerais faire de la politique. Je ne sais pas. Il ne faut jamais dire jamais, mais mon travail de défense d’intérêts me rend très heureuse pour le moment.

Avis Favaro

Vous répondez comme une politicienne.

Chika Oriuwa

[rire] Exactement.

Avis Favaro

Vous vous exercez déjà.

Chika Oriuwa

Exactement.

Avis Favaro

Parler avec vous a été un immense plaisir pour moi. Merci beaucoup pour vos explications. J’espère qu’elles aideront les Canadiens à comprendre ce à quoi leurs concitoyens noirs se sont butés dans le système de santé.

Chika Oriuwa

Merci beaucoup. Je suis honorée et très heureuse d’avoir pu discuter avec vous aussi.

Avis Favaro

Comme vous l’avez mentionné au cours de l’entrevue, l’ICIS recueille et produit maintenant des données sur les composantes raciales dans les systèmes de santé canadiens. Nous ne pourrons pas régler les problèmes sans les observer, les quantifier et nous comparer.

Merci d’avoir participé à notre discussion.

Cet épisode a été produit par Jonathan Kuehlein. Un grand merci à Ieashia Minott et à Alya Niang, qui anime notre balado en français.

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Ici Avis Favaro. À la prochaine!

Comment citer ce contenu :

Institut canadien d’information sur la santé. Représentation des personnes noires dans le milieu de la santé au Canada — Dre Chika Stacy Oriuwa. Consulté le 22 octobre 2024.

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